Vous allez rencontrer sous peu la famille Lemont. Le médecin sait que l’époux de Janice, Mike, vient d’apprendre qu’il est porteur du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Cela fait quelque temps déjà qu’il a des relations bisexuelles. Mike a dit au médecin qu’il était heureux avec Janice et qu’il tenait à sa famille, mais qu’il a constaté qu’il lui était difficile de résister à ses tendances bisexuelles. Le médecin a conseillé à Mike de dire à Janice qu’il était porteur du VIH, parce qu’elle devra se soumettre à des tests. Il a offert son aide, mais Mike a préféré s’en occuper lui‑même. Janice entre maintenant dans le cabinet du médecin.
Modules
Consentement et confidentialité
Partie n° 1
Introduction
Exercice de réflexion n° 1
Les exercices de réflexion portent sur des enjeux éthiques, communicationnels et culturels. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, mais certaines réponses sont meilleures que d’autres.
Lisez les options et les questions qui y sont associées. Pour vous aider à comprendre comment chaque option se présente dans la relation entre le médecin et son patient, trois options sont accompagnées d’un extrait vidéo. Lisez les questions associées à chaque option avant de faire votre choix. Quand vous aurez terminé l’exercice de réflexion, vous pouvez lire les commentaires ou consulter d’autres ressources.
Vous avez dit à Janice qu’elle doit se soumettre aux tests prénataux de routine.
Commentaires
Commentaires associés à l’option no 1
En général, il n’est pas nécessaire d’obtenir un consentement officiel lorsqu’il s’agit d’une procédure à faible niveau de risque comme les analyses sanguines de routine. Le fait que la patiente soit de toute évidence d’accord pour se soumettre à cette procédure est suffisant. Dans le cas qui nous occupe, vous cherchez peut‑être à éviter que Janice ne ressente de l’anxiété, car il se peut très bien qu’elle ne soit pas porteuse du virus. Même s’il est louable de chercher à ne pas nuire (principe de la non‑malfaisance), le fait que vous ayez reçu de l’information privilégiée (au sujet de Mike) peut rendre cette option faussement pertinente. En fait, il s’agirait plutôt d’un exemple de « privilège thérapeutique ». Une approche paternaliste de ce type est rarement acceptable.
Étant donné les suites des tests de dépistage du VIH, même lorsqu’il s’agit d’une situation à faible risque (et ce n’est pas le cas), on ne peut pas considérer qu’il s’agit d’un test « de routine » comme le sont les tests d’hémoglobine ou de glycémie. On pourrait faire valoir que, même lorsqu’il s’agit de tests de routine, le médecin fait bien de dire pourquoi il veut faire ce test et s’il aura des répercussions importantes sur le patient. (Par exemple, est‑il important pour un pilote de savoir qu’il est diabétique?) Un patient à qui son médecin explique son raisonnement et les raisons pour lesquelles il recommande un test ou un autre sera davantage porté à estimer qu’on prend soin de lui et disposé à participer.
Commentaires associés à l’option no 2
Selon les lignes directrices canadiennes, un test de dépistage du VIH est recommandé pour toutes les femmes enceintes, mais ces lignes directrices sont appliquées de manière différente dans les provinces et territoires. Toutefois, on indique qu’une consultation fait partie du processus. La teneur de la discussion dépendra de la situation de chaque patient. Janice, par exemple, n’a de toute évidence aucun comportement sexuel à risque élevé. Le médecin doit obtenir son consentement officiel, par écrit ou verbalement, avant de commander ce test. Il faut que le médecin dise à sa patiente qu’il demande ce test et qu’il lui offre des conseils; il fera ce test sauf si elle demande explicitement qu’il ne le fasse pas. Réfléchissez aux implications pour le médecin de la façon dont la demande de test de dépistage du VIH est présentée à la patiente. Se peut‑il qu’il y ait un écart entre le respect obligatoire des lignes directrices et un comportement conforme à l’éthique? Dans le cas qui nous occupe, Janice a‑t‑elle vraiment donné un consentement éclairé?
Commentaires associés à l’option no 3
Vous hésitez entre votre devoir de confidentialité à l’égard de Mike et votre devoir de bienfaisance à l’égard de Janice, à qui vous devez fournir les meilleurs soins possibles. Toutefois, si vous dites à Janice de parler du VIH avec Mike, n’êtes‑vous pas en train de contrevenir à votre devoir de confidentialité à l’égard de Mike? En outre, si vous lui suggérez de parler à son époux, ne manquez‑vous pas à votre devoir de diligence à l’égard de ces deux patients? Ils pourraient s’adresser à un autre médecin et, le cas échéant, ce dernier connaîtra‑t‑il la situation de Mike? Le comportement sexuel est un sujet plutôt délicat dans un couple. Même si vous n’avez aucune raison particulière de soupçonner que la question pourrait donner lieu à des scènes de violence conjugale, vous devez toujours garder en tête que cela est possible. Vous feriez mieux de tâter le terrain ou encore de demander aux deux époux de se présenter ensemble à votre cabinet.
Pour obtenir davantage d’information, veuillez consulter le Code de déontologie de l’Association médicale canadienne.
Commentaires associés à l’option no 4
Si vous choisissez cette option, vous placez l’obligation de mettre en garde au‑dessus du devoir de confidentialité. Cela pourrait être approprié si Mike avait refusé d’informer Janice du fait qu’il était porteur du virus et si vous deviez craindre qu’elle coure toujours un risque. Selon les lignes directrices, un médecin qui croit qu’il existe un danger clair et immédiat pour une autre personne ou pour la société a l’obligation de mettre en garde. Dans le cas qui nous occupe, cela est‑il nécessaire? En quoi serait‑il bénéfique pour Janice d’avoir cette information? Quel préjudice pourrait‑elle subir si elle l’apprenait? Vous ne devez agir de cette façon que si vous avez épuisé toutes les autres options.
Prenez également connaissance des commentaires sur le cas Tarasoff, à la fin de la présente étude.
Étude de cas (suite)
Le médecin décide tout simplement de dire à sa patiente qu’il demandera des analyses sanguines de routine (ce qui comprend un test de dépistage du VIH), et lui demande de prendre rendez‑vous pour la semaine suivante. Il ne lui dit pas qu’il inclut le test de VIH.
Après la conversation téléphonique, le médecin reçoit Mike et Janice dans son cabinet.