Le programme de Compétences en matière de communication et de culture est fondé sur des études de cas qui donnent des exemples de pratique médicale courante au Canada. Ces modules ne sont pas axés sur le diagnostic et le traitement. Ils portent plutôt sur la communication entre les professionnels de la santé et les patients. Veuillez noter que les modules ne visent pas à présenter la seule façon de gérer une situation. Ils visent à fournir une orientation quant à la façon d’aborder ces différents scénarios et d’y réfléchir.
Modules
Compétences en communication médicale
Le contexte de la communication médicale
Le choix d’une technique de communication et nos attentes par rapport à un entretien varient selon notre bagage culturel. Deux principaux systèmes culturels opèrent au moment de la communication médicale : l’environnement culturel dans lequel nous avons reçu notre formation et/ou dans lequel nous exerçons et l’environnement social dans lequel nous avons grandi et/ou nous vivons actuellement.
Les compétences exigées des médecins canadiens à l’égard de la communication médicale diffèrent de celles requises dans d’autres situations, comme échanger avec des amis, faire des emplettes, etc. Les médecins doivent prendre en compte et analyser une grande quantité de renseignements tout en sélectionnant et en interprétant des renseignements fournis par des patients et/ou des collègues au moyen de l’écoute active et de l’observation. Le médecin doit ensuite intégrer ces renseignements et les résumer dans son esprit ainsi qu’oralement ou par écrit.
Comprendre la communication médecin-patient
La partie de la communication médicale que tout médecin, en particulier s’il est un diplômé international en médecine (DIM), tend à trouver la plus différente par rapport à son expérience antérieure est habituellement la rencontre médecin‑patient. Tous les médecins ont appris certains comportements professionnels à adopter à l’égard de la relation médecin‑patient. Ces comportements sont déterminés par des facteurs culturels et historiques, en fonction de l’endroit où le médecin a reçu sa formation et de la méthode d’enseignement utilisée.
Un bref historique de la communication médecin-patient
L’évolution de l’approche relative à la communication médecin‑patient en Amérique du Nord au cours des 100 dernières années est résumée ci-dessous.
Communication centrée sur le médecin avant la Deuxième Guerre mondiale
Voici une très brève liste des courants principaux. Depuis toujours, les médecins utilisent différents modèles de communication.
Avant la Deuxième Guerre mondiale
- Les médecins étaient grandement estimés et avaient une attitude paternaliste; les patients avaient confiance qu’ils agissaient pour leur bien.
- Les médecins mettaient l’importance sur la maladie (communication centrée sur le médecin).
- Il y avait peu de traitements efficaces à proposer aux patients.
- La plupart des médecins étaient des généralistes et connaissaient bien leurs patients.
Communication centrée sur le médecin après la Deuxième Guerre mondiale (environ de 1950 à 1975)
Les médecins sont devenus encore plus ouvertement axés sur la maladie en raison :
- de l’avènement de traitements plus efficaces (p. ex., les antibiotiques);
- de l’explosion de moyens technologiques applicables aux diagnostics et aux traitements;
- de l’accroissement de la recherche et de la spécialisation de la pratique de la médecine, ce qui tendait à éloigner le médecin de son patient.
La relation médecin‑patient demeurait très paternaliste, non pas parce que le médecin connaissait son patient assez bien pour savoir ce qui lui convenait, mais parce que le médecin disposait de beaucoup plus de connaissances et de traitements efficaces. Toutefois, cela a mené aux résultats suivants :
- Une plus grande distance entre le médecin et le patient sur le plan de la communication;
- Une insatisfaction croissante à l’égard des visites chez le médecin;
- Les patients avaient le sentiment qu’ils n’étaient ni écoutés ni compris;
- Une perte de confiance croissante à l’égard des médecins, que l’on croyait plus intéressés par l’argent et, dans le cas des chercheurs et des spécialistes, par la gloire;
- L’apparition, dans certaines sociétés, d’un modèle de relation médecin‑patient contractuelle, de type consommateur. Les médecins faisaient état de leur « offre », et les patients, ayant accès à plus d’information, avaient la possibilité de « magasiner ».
La formation médicale reflétait les progrès en matière de connaissances biomédicales et était centrée sur la maladie et les techniques de plus en plus complexes liées à la pratique de la médecine. L’insatisfaction des patients était généralement ignorée et considérée comme non pertinente aux soins à leur donner. La plupart des médecins qui pratiquent actuellement ont été formés dans un tel système, centré sur le génie biomédical et sur le médecin. On enseignait les entrevues médicales de type interrogatoire. Autrement dit, on enseignait aux médecins comment tenir un dialogue s’articulant autour de questions visant à cerner la maladie ou l’anomalie.
Au milieu des années 1980, la demande de changement dans les comportements des médecins s’est fait insistante, appuyée en partie par le mouvement de défense des droits de la personne, le mouvement de défense des droits des consommateurs et l’apparition du domaine de la bioéthique, qui insistait sur l’autonomie du patient en tant que but des soins apportés. Au cours des 15 à 20 dernières années, de nombreuses facultés de médecine ont reconnu la nécessité de revoir leur programme afin d’y intégrer des compétences en communication. On a commencé à se tourner vers les auteurs dont l’approche de la relation médecin‑patient tenait compte de l’importance du rôle du patient dans cet échange. Notons parmi ces auteurs :
- Balint, qui a mis sur pied des groupes de discussion afin d’échanger à propos des patients « difficiles »;
- Engel, dont le modèle biopsychosocial a été l’un des premiers modèles de médecine holistique;
- Cassell, qui a décrit la différence entre une affection et une maladie et a souligné le rôle du langage en tant qu’outil essentiel en médecine;
- Kleinman, qui a appliqué les attitudes centrées sur le patient à toutes les cultures;
- Stewart, Levenstein et McWhinney, créateurs de la méthode centrée sur le patient.
Vous trouverez les détails concernant les ouvrages de ces auteurs dans la section Ressources.
Le modèle de communication médecin-patient selon l’approche centrée sur le patient
Que fait le médecin pour obtenir de l’information sur le problème de santé du patient?